©Dupuis • 2005 • Lax
Lax, de son vrai nom Christian Lacroix, est fou de vélo. Il s'offre même de temps à autre l'ascension d'un des cols mythiques du Tour de France ! (dixit la présentation de l'auteur sur Bdgest)
En 2005 aux éditions Dupuis, il nous as rendu un hommage en bande dessinée à l'aventure d'un homme, Amédée Fario dit L'aigle sans orteils.
Lax en plusieurs étapes pour un tour d'horizon de ses oeuvres : Ennui mortel (1981), La Marquise des lumières (1987 à 1996), Des maux pour le dire (1987), Le Choucas (2001 à 2010), Pain d'Alouette (2009 à 2011).
L'épopée commence en juillet 1907. C'est le moment de la cinquième grande boucle de l'histoire de cette compétition française. Mais le sujet principal au début de cette aventure, c'est la construction du premier télescope de 50 cm de diamètre, l'un des plus grands au monde pour l'époque sur le site l'observatoire du pic du Midi de Bigorre, Hautes-Pyrénées.
Pour mener à bien le projet 'carte du ciel' à l'initiative de Benjamin Baillaud (1848-1934), astronome français, nous allons suivre et faire connaissance de deux personnages. En premier lieu, Camille Peyroulet, astronome membre de l'équipe oeuvrant sur cet édifice astronomique. Camille aime avoir la tête dans les étoiles, mais c'est aussi un inconditionnel du tour de France. Il va nouer d'amitié avec un soldat de la quatorzième d'artillerie de Tarbes, Amédée Fario, à qui il va lui demander de lui remonter le quotidien sportif " L'auto" (L'équipe d'aujourd'hui!) pour s'informer des classements et résultats de cette course. Amédée Fario est donc de ces artiflots qui vont monter les caisses de matériels pour la fameuse coupole Baillaud. Et, il en faudra des allers-retours pour subvenir aux membres de l'observatoire, été comme hiver !
L'ennemi numéro un de ceux qui veulent observer les étoiles c'est l'atmosphère terrestre, avec ses nuages, ses brumes ses fumées et toutes sortes de poussières, c'est pour ça qu'on construit les observatoires le plus haut possible...
Amédée Fario, rendu à la vie civile reviens vivre chez lui dans un village pyrénéen de la haute vallée de l'Esponne. Il deviendra porteur toujours pour l'observatoire et va ainsi garder contact avec Camille. Leurs échanges vont se porter sur le vélo et sur la montagne bien évidemment !
Les années passent, et chaque mois de juillet, Camille et Amédée établissent leur pronostic sur le vainqueur... Amédée continue ardemment de monter les vivres en haut du pic et ambitionne de s'acheter un vélo avec l'argent gagné à cet effet. Mais la montagne est dangereuse et il lui faudra une grande humilité pour braver le sommet, à chaque fois !
Amédée est un battant, il va se dépasser, se surpasser à de nombreuses reprises dans un seul objectif, celui de gagner suffisamment d'argent pour se payer un vélo et participer au tour. Mais jusqu'à quel prix est-il prêt à aller ? Ne risque t-il pas d'atteindre à sa santé avant même de pouvoir parcourir les étapes ?
Dans ce combat qu'il mènera sur cinq années, Amédée se verra, à titre individuel tel un coureur isolé, être au départ du Tour 1912. Une récompense qui ne rassurera pas son entourage, d'autant que ce premier essai sera assez laborieux. Il abandonnera par épuisement au bout de quatre jours. Mais il se projette déjà sur l'édition de 1913, où il se fera un nom dans le peloton. Un journaliste le surnommera : L'aigle d'Esponne.
Avec l'attribution de son surnom, Amédée est entré dans l'aristocratie du peloton. Seuls les coureurs auréolés d'un surnom s'inscrivent durablement dans l'épopée de la grande boucle...
Changement de physionomie en tête de peloton.
C'est ici que va se jouer le tour, sur les lacets du Tourmalet...
Amédée est devant, il empoigne la course.
Il grimace, ses jambes brûlent mais il tiens le choc.
Il va y avoir du dégât derrière...
Fario avance au train, reconnaissable à son coup de pédale,
et voilà que ça explose dans le peloton !
Un peloton qui continue à perdre du temps.
Devant, ça continue à pédaler avec l'infatigable Amédée Fario...
On approche de l'arrivée, nous sommes dans la descente.
Alors que certains coureurs sont en grande résistance, L'aigle s'envole...
Une descente vertigineuse et fatale. Chute, Chute de Fario... Il ne se relève pas, le Tour est malheureusement terminé pour lui... Mais rassurez-vous, de simples contusions bien soignées et nous le retrouverons en Juillet 1914. A moins que cette date ne soit l'avènement d'une autre histoire ?!... Une histoire de légende, celle que l'on oublie jamais.
L'auteur, dans cette expédition nous emmène avec des hauts et des bas vers tout un lot de sentiments. Un peu de rêve et de nostalgie pour tous ces passionnés de vélo et de la grande boucle... Lax nous raconte une partie du début de l'Histoire du Tour où tout se passe, dans cet ouvrage, quasiment exclusivement dans les Pyrénées. Il nous montre aussi la réalité d'un coureur isolé (sans assistance) dans le tour, ses difficultés, sa souffrance. Lax mélange ici vélo et montagne, deux approches extrèmes où l'humilité l'emportera pour une aventure humaine grandiose. Les dessins de l'auteur sont réalistes et d'une extrême précision avec la couleur d'époque. Une belle victoire pour les amoureux et les passionnés du dépassement de soi !
Quelques prix pour cette BD glanés ici ou là lors de festival :
À l'occasion de la huitième édition du festival "Les Rendez-vous de l'histoire" à Blois, le jury du Prix de la bande dessinée historique, a décerné le 2nd Prix de la Bande dessinée historique à
Lax pour son ouvrage "L'aigle sans orteils".
"L'Aigle sans orteils", de Lax, a été récompensé de l'Éléphant d'Or du meilleur scénario lors du Festival International de la BD de Chambery en 2006.
Après le grand prix RTL de la bande dessinée 2005, et sa nomination au prix du public du festival d'Angoulême, L'Aigle sans orteils de Christian Lax a reçu le Prix Oecuménique de la BD
2006.
Le prix Bédélys d'Or 2005 - Corporation des Bibliothécaires Professionnels du Québec a été attribué à L'aigle sans orteil de Lax.
Bonne lecture,
OliV