Ou le destin d'un esclave modèle.
Scénario : Fabien Nury
Dessin : Brüno
Couleur : Laurence Croix
Dépôt légal : Octobre 2011
Éditeur : Dargaud
Collection : Long Courrier
88 planches Grand Format.
D'après le roman d'Eugène Sue.
One-shot
©Dargaud 2011 Brüno/Nury
Paru en 1931, Atar-Gull, troisième roman d’Eugène Sue (1804-1857), a été adapté librement en Bande Dessinée par le scénariste Fabien Nury et le dessinateur Brüno Thielleux. Il raconte le destin d’un esclave nourri de haine et consumé par le désir de vengeance...
En pleine traite négrière, dans une contrée qu'on ne connaît pas vraiment, mais qui de toute évidence se trouve quelque part en Afrique noire, deux tribus s’affrontent : les Grands Namaquas et les Petits Namaquas.
Pendant ce temps là, à quelques milles nautiques, deux capitaines de négriers vont se livrer une lutte à coups de canons pour le contrôle de la route maritime, mais également du commerce et de la marchandise humaine.
Une lutte qui mettra de nombreuses vies en périls. Nègres, négresses, négrillons, combien y sont restés ?...
A ma gauche, le capitaine Benoit, homme blanc, brave, bien en chair, connaisseur reconnu dans la traite d'esclave, fidèle et avisé, il tiens la barre du célèbre navire, sa divine « Catherine ».
A ma droite, le capitaine Brulart, grand et fort, homme noir, autoritaire et sans pitié. Il est à bord de la « Hyène » menant un équipage de bras cassés, prêt à tout pour vendre des nègres.
Au centre, un navire de guerre, une frégate Anglaise pour contrôler la Traversée.
Et, au coeur de ce voyage, parmi les siens, enchaînés et traînés dans les soutes d'un navire, soumis à un destin d'esclave à la merci des planteurs d'une Jamaïque coloniale, nous avons, Atar Gull.
Atar Gull, est plus qu'un article spécial, beaucoup plus qu'une masse de muscle. Son sort de chef des petits Namaquas vaincus, va se transformer. Tel une bête blessée, ce jeune africain va se nourrir tout doucement, presque sagement d'une vengeance secrète, féroce et implacable en vers son acheteur...
Tom Will.
Tom Will a quitté son pays pour aller exploiter une terre colonisée et faire du commerce. L'époque y est propice. Tom Will, est un humaniste qui va se
prendre d’affection pour un de ces esclaves, Atar Gull. Mais tous les esclaves ne ressemblent pas à Atar Gull et certains sont "hors d'usage"... A cela,
Tom Will, passera outre la moral, pour faire d'une perte, un profit, sur le supplice d'un vieil esclave.
L'acte de trop...
Atar Gull, est un homme et un nègre.
Il ne l'oublie pas. Il sait d'où il vient et pourquoi il est là, esclave du colon Tom Will.
Sa force est sans mesure, sans retour. Ce costaud personnage ne rêve que d’en découdre avec tous ceux qui ont participé à son exil et son malheur.
C'est une histoire proche de l'horreur, d'une vie trop lointaine et inhumaine pour la comprendre et la défendre. Qui est le bon, qui est le méchant dans cette histoire ??
Un sujet difficile, où les auteurs Fabien Nury et Bruno Thielleux, nous plongent au cœur d’une période que l’humanité voudrait oublier. L’esclavage n’est jamais un sujet léger !
Tout au long des 88 pages, c'est un personnage atypique que nous allons suivre difficilement. Pas facile de s'attacher à ce protagoniste central, un anti-héros ?
Le scénario est sensible, et même s'il n'est pas compliqué de comprendre l'esprit de vengeance véhiculé, j'ai trouvé complexe le passage des traversées maritimes, d'une part. Et d'autre part, la cruauté autour de cette vendetta, les châtiments exercés, sont extrêmement sauvage et donc pas forcément aisé pour la lecture. Maintenant, la couleur, le cadrage et les dessins sont vif et accentués. Ils renforcent la tension vécue et donnent une impression dramatique sur les évenements.
Fabien Nury, scénariste, qui a reçus le prix de la meilleure série au Festival international de la BD d’Angoulême pour « Il était une fois en France » (developpé hier, sur K.BD), et le dessinateur Brüno, qui, lui, a récemment reçu à Saint-Malo, le Grand Prix du festival Quai des Bulles, nous ont retransmis les mots d’Eugène Sue en nous amenant dans un univers du surmoi qui domine l'être humain. Mais au final, qui dirige qui ? ...
Bonne lecture,
OliV