Cléo, de Fred Bernard, éditions du Nil, septembre 2010, 17€90
Quatrième de couverture :
"Je ne suis pas la plus belle
mais pas mal quand même,
je ne suis pas sotte
mais je dis des bêtises,
je ne suis pas folle
mais je dis des sottises,
je n’ai pas trente ans
et je suis une reine.
En amour,
j’ai l’impression d’avoir fait le tour,
mais je cherche mon roi.
Je suis une fille comme les autres ?
Peut-être…"
-
Peut être ... peut être que cette lecture va vous plaire ... ou pas !
Peut être, peut être que cette Cléo va vous parler , vous ressembler ou vous faire penser à quelqu'un ... Quoi qu'il en soit, Cléo, c'est les aventures d'une jeune femme prétendument ordinaire, dixit Fred Bernard. !!
Et, Fred Bernard, c'est en quelques mots, un motard, un grand voyageur, le parolier de Nino Ferrer et trois fois lauréat du Goncourt jeunesse avec son compère François Roca. Fred Bernard est, à 41 ans, l’une des valeurs sûres du roman graphique. Sa particularité : mettre en scène des personnages féminins complexes et attachants comme dans La Tendresse des crocodiles et L’Ivresse du poulpe au Seuil (2004), ou encore Lily love Peacock, chez Casterman (2006).
Alors, Cléo, est ainsi un personnage féminin aussi complexe qu'attachant !!
Cléo, va se présenter à nous, va se livrer, se mettre à nu (public averti). Cléo va nous présenter son corps, son histoire, ses amours, ses visions. Cléo va avancer, passer ce cap des 30 ans ... la crise de la trentaine ... ?
Ce roman est une tranche de vie, racontée en voix off, par une jeune femme qui se parle à elle-même sur un ton paternaliste.
Elle nous révèle ses pensées les plus intimes. D’un côté, elle assume complètement ses actes et de l’autre, elle se sent décalée par rapport aux personnes qui l’entourent et aux codes moraux de la société, d’où un malaise certain.
Le dénouement est un grand élan d’espoir vers l’amour et le bonheur de pouvoir faire ses propres choix.
" Les jours et mes nuits passent si vite. J'aime la vie à en pleurer. Pleurer parfois j'adore. ça me fait du bien. ça me détend. Après ça va mieux. Petite, je retenais mes larmes quand j'étais triste. Aujourd'hui, je retiens mes cris quand je jouis. La vie n'est pas simple. Jamais. "
" J'ai beau retourner le problème dans tous les sens...Pourquoi je me laisse toujours embarquer par des hommes compliqués ? Pourquoi ce désir irrépressible de parler, d'écouter .... de compatir ?
Sans possibilité de secourir l'être et de me préserver moi. "
" Pour croire au grand amour, tous les arguments sont bons : l'harmonie ... la corrélation, la correspondance, la covariance, la réciprocité, l'interdépendance, la ressemblance, l'affinité ... Et chaque fois je tombe de haut, déçue. Et chaque fois, je me tiens droite, mais déchue. L'entente charnelle qui n'est pas la plénitude amoureuse, la névrose d'abandon .... Je sais tout cela. "
Fred Bernard transforme la vie intime de Cléo en tourbillon graphique.
Il est possible que le trait ici vous apparaisse chargé, sombre. Il correspond a des dessins crayonnés qui sont parfaitement adaptés au propos et à l’état d’esprit du personnage.
Vous y trouverez de nombreuses pointes d’humour et des références musicales ponctuant les cases.
Fred Bernard, nous délivre là, donc, une vie intime qui en dit beaucoup sur notre époque puisque rien n’est inventé dans cette histoire : les propos ont été entendus, les situations ont été vues ou vécues. Bref, Cléo n’existe pas mais tout est vrai !
Fred Bernard nous as fait du Fred Bernard. Si vous n'en n'aviez pas lus d'autres ... peut être, il vous sera difficile de rentrer dans cette état de mélange, à la fois de complexité et de simplicité !!
J'ai beaucoup aimé les petits clins d'oeil dans son approche de l'humain présenté par des animaux .... où, genre, il fait parler des abeilles, des poissons ; où l'art de transformer la pensée en présentant des animaux ... c'est surprenant et ça fonctionne animalement bien !!
-
Bonne lecture,
OliV