
Dans l’ombre de Charonne
Récit graphique en noir et blanc
Préface de Benjamin Stora
136 pages - format : 182 x 257
ISBN: 979-10-90566-00-2
©Éditions du Mauconduit • 2012 • Frappier

De l'oubli aux souvenirs, ici, cette histoire est celle de Maryse Douek-Tripier, 17 ans aux moments des faits. En classe de première au lycée de Sèvres, elle était, comme l'évoque Benjamin Stora dans sa préface, parmi les manifestants qui ont été matraqués, piétinés écrasés à l'entrée du métro. Et elle avait décidée de participer avec ses copains de classe à une manifestation contre le fascisme et pour la paix en Algérie. Miraculeusement épargnée, sa mémoire s'est pourtant éteinte sur presque 50 ans. Le prologue de cette histoire explique le pourquoi du comment de cet exercice d'évocation par Maryse Douek-Tripier. Lourd de sens et de conséquence, les auteurs Désirée & Alain Frappier ont décidé de retranscrire humblement le récit de Maryse en utilisant la première personne du singulier.
« La mémoire vivante n'est pas née pour servir d'ancre.
Elle a plutôt vocation à être une catapulte.
Elle ne veut pas être havre d'arrivée, mais port de départ.
Elle ne renie pas la nostalgie, mais elle lui préfère l'espoir,
ses dangers, ses intempéries. »
Et il y a eu cette manifestation du 8 février 1962, à l'appel de plusieurs syndicats et partis de gauche pour protester contre une série d'attentats sur Paris perpétrés la veille par l'OAS (Organisation Armée Secrète). Profondément choqué par cette fillette de 4 ans, blessée grièvement lors de l'attentat de l'appartement d'André Malraux, l'opinion publique se retrouve dans la rue, tous en masse, place de la bastille, pour dire non à l'OAS et non au fascisme. Ce rassemblement est dit " interdit " sous l'autorité du préfet Maurice Papon. Une protestation qui se déroule sans heurts jusqu'au moment de la dispersion de la foule. Un ordre est donné, mais par qui et pourquoi ? Toujours est-il que des groupes de forces armées ont attaqués la foule. Des pistes sont avancées, mais la justice n'est toujours pas rendue. Or, ce jour là, de nombreux manifestants se sont retrouvés bloqués à l'entrée du métro Charonne. Le bilan sera lourd : neuf morts et environ 250 blessés mais aucun coupable...
Maryse y était. Ses séquelles sont fortes dans son inconscient. Elle s'en sortira avec quelques côtes fêlées, et un discours qui vient de s'ouvrir, cinquante ans après. Le fait que Maryse Douek-Tripier et Désirée Frappier soient amies de longues dates, renforce et crédibilise ce roman graphique sur les événements du métro Charonne. Parallèlement à ce témoignage, les auteurs retracent avec soin le contexte politique et social de l'époque, en insistant sur les épisodes clefs et sur les différents acteurs. Mais aussi sur le quotidien de nos lycéens engagés : avant, après, pendant. Cette jeunesse du début des années 60 que nous allons retrouver quelques années plus tard, en batailles rangées, sur les pavés de Mai 68... Bref, l'évenement est vécu. On apprend beaucoup. C'est complet, et je crois bien que dans ce livre, tout est vrai !
Liens complémentaires :
http://www.francetv.fr/culturebox/bd-dans-lombre-de-charonne-temoigne-50-ans-plus-tard
http://philippepoisson.over-blog.com/article-dans-l-ombre-de-charonne
http://blogs.mondomix.com/samarra.php/2012/08/17/dans-l-ombre-de-charonne
http://aggiornamento.hypotheses.org/ itw des auteurs
http://daniel-kupferstein.com/autres-films/8-documentaires/22-mourir-a-charonne-pourquoi

