
de Gilles Rochier, au scénario et au dessin.

Pour Gillou et sa bande, leur lieu de naissance, leur lieu de jeunesse, c'est celle des premières barres d'immeuble français, avec des terrains vagues transformés en terrain de foot. Ce lieu entre dans la catégorie de pauvreté épidémique sociale. Mais grâce à leur fougue et leur imagination, ces jeunes vont réussir à s'approprier cet environnement anxiogène, et à le transformer en un grand terrain d'aventures, propice à des jeux plus ou moins dangereux...
En outre, ces jeunes qui traînent le quartier, qui se lancent des défis, qui s'exercent dans des bagarres, il y aussi les adultes qui se mettent dans des situations délicates, incongrues... Comme ces mères qui venaient vendre leur corps pour arrondir les fins de mois difficiles. Une atmosphère pesante règne. Elle est connue de tous mais tout en étant tabou. Une sorte de contrat tacite où chacun garde ses positions jusqu'au jour où ?!... Une réplique célèbre de cinéma, convient parfaitement : « Jusqu'ici, tout va bien ».
Dans cette histoire (comme dans la vie actuelle ?), l'équilibre est précaire, sensible. Un accrochage, un dérapage et tout peux basculer. Où comment prononcer un malheureux « TMLP, Ta Mère La Pute », pour que tout plonge dans le recours aux moyens extrêmes... Pourtant, ne s'agissait-il pas d'un mal-entendu, comment savoir la vérité ? Quant tout part d'un mensonge à deux balles... parfois, ça fais mal !
Dans cet album, TMLP, parus aux éditions 6 pieds sous terre, et publié avec le concours de la Région Languedoc-Roussillon, Gilles Rochier évoque ses souvenirs d'enfance, d'adolescence, « d'un quartier qui n'est pas que des super bons souvenirs ».
Le trait de Gilles Rochier suit, en quelque sorte, ses personnages avec sensibilité, pendant que le récit donne à s'attacher aux protagonistes. Et, même si c'est un peu bancal dans le dessin, où tout est nuancés dans le marron, c'est très adroit dans le scénario, où il fait du contexte social un élément à part entière. C'est à dire que cet album donne une vision de l'intérieur avec des couleurs d'une vie proche de la misère. La force de l'auteur est donc, de filtrer cette pauvreté de la cité en alternant scènes chocs et humour. En fait, seul les personnages semblent un peu instable dans le dessin, parce que les barres d'immeubles, elles, sont juste parfaites...
TMLP traite d'une banlieue d'époque pas si lointaine mais où les réalités d'aujourd'hui sont probablement autrement plus dures. Une liberté de ton est affiché rien que dans le titre, au risque d'être dérangeant ou, est-ce juste une formule provocante ?
Plus jeune, je me souviens bien de la première fois où j'ai entendus cette injure... ça marque ! Je me rappelle surtout que je ne comprenais pas bien le pourquoi du comment... Je trouvais ce juron méchant et nul, sans fondement. Et pourtant, « faut pas croire, c'est pas sorti de nulle part comme expression. »
Un lecture de mémoire, une lecture pour savoir. Un album qui se révèle essentiel, qui interpelle.
Et attention,
pas de gros mots, S.V.P. !!!
Bonne lecture,
OliV