©Futuropolis 2012 Moynot
Ce livre commence comme ça :
« Je suis mort le 20 septembre 1979 à midi vingt-cinq.
Je suis né le 22 juin 1944. J'ignore à quelle heure.
J'ignore même le nom qu'on m'a donné alors. Je suis né de la guerre.
Je suis né de la mort de millions d'autres juifs.
Je suis Pierre Goldman.
Je suis juif. »
Un livre de citations, un livre d'entretiens, un livre d'histoire, un livre enquête, un livre d'un homme, un livre d'une société, un livre que dis-je, une bande dessinée !
Une bande dessinée qui commence donc par la fin, puis qui reviens presque étape par étape sur le comment et le pourquoi de cette mort de Pierre Goldman, sur le comment et le pourquoi autour de cette mort, sur le comment et le pourquoi, il (ou on) en est arrivé là...
Pierre Goldman a été assassiné au sortir de son domicile. Un commando de tueurs revendique cet acte sous le nom de « Honneur de la police ». Nous sommes le 20 septembre 1979. La France est sous le choc et dans l'incompréhension la plus totale.
« Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et le comité de directions des "temps modernes" : "A l'horreur que nous éprouvons face à la mort de notre ami Pierre Goldman, s'ajoute une crainte profonde, celle de ne pas voir s'établir la vérité de ce crime." (in Libération, 22/9/19) »
Mais qui est le coupable ? N'est-ce pas Pierre Goldman lui-même ? Ou bien, ne serais-ce pas la justice française, voir la police au vu du communiqué... ?
L'auteur Emmanuel Moynot reviens sur cette tranche de vie de 1968 à 1979 concernant Pierre Goldman.
Un homme à la fois militant d'extrême gauche, guérillero révolutionnaire au Venezuela, et fils de résistant. Mais il est aussi gangster, braqueur de petits commerces, et il sera accusé d'un double meurtre commis en plein Paris en décembre 1969.
Un braquage sanglant viens de se produire à la pharmacie Delaunay, située boulevard Richard-Lenoir où deux pharmaciennes y ont été tuées. Un client, ainsi qu'un gardien de la paix en civil, Gérard Quinet, y ont été blessés. Ce dernier et d'autres témoins prétendent reconnaître Pierre Goldman. Il sera arrêté en avril 1970.
Pourtant il nie avoir participé a ce hold-up et clame son innocence.
Les éléments sont contre lui, il est condamné à perpétuité en 1974 par la Cour d'assises de Paris. Un verdict qui va soulever les foules et les mentalités. Une pétition est lancée avec comme comité de soutien de nombreuses personnalités intellectuelles ou artistiques de gauche.
Nous sommes en 1976. Un nouveau procès à Amiens viens ensuite pimenter cette histoire très médiatisée pour l'époque... Défendu par les avocats Georges Kiejman et Émile Pollack, sa culpabilité n'est pas retenue ! Georges Kiejman est d'ailleurs en entretien dans ce livre, pardon, cette bande dessinée d'Emmanuel Moynot.
Pierre Goldman sortira de prison en 1977 mais il reste la bête noire de l’extrême droite et d’une partie de la police. De là à mériter la mort ??... Qui oserais le dire !
Une lecture de rencontre, de connaissance et de mémoire. Une lecture indispensable sur notre histoire. Au delà de la personne qu'est Pierre Goldman, les réflexions sont posées sur la résistance, sur la question d'être juif, sur le mouvement né des soixante-huitards, sur la justice française et sur la culpabilité.
Une plume d'Emmanuel Moynot juste et sans équivoque. Posée sur le papier comme l'image qui viens s'ajouter et ainsi en fait une bande dessinée de renom. Une image, ce dessin en noir et blanc est proche de l'actualité d'époque. Neutre et c'est là, la force de cet ouvrage.
Pierre Goldman est aussi l'auteur de Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France, 1975, aux éditions du Seuil.
Un site lui est consacré : http://www.parler-de-sa-vie.net/pierre/index.html
Pierre Glodman
La vie d'un autre
Un récit d'Emmanuel Moynot
Première parution : 09/02/2012
195 x 265 mm
208 pages
Edition : Futuropolis
©Futuropolis 2012 Moynot
Cette lecture à partager avec les participants de la chez Mango.
Bonne lecture,
OliV